Découvrez l’histoire de

l ' Espace 58

Un lieu de mémoire

rempli d'histoire...

L’Espace 58, ce sont 3 salles situées dans un lieu d’exception, à louer pour vos mariages, soirées d’entreprises ou autres événements.

Historiquement, le site était une usine textile sous le nom de « S.A. La Vesdre » et opérant début du XXème siècle, pendant l’âge d’or de l’industrie lainière verviétoise. L’intérêt de ce lieu atypique, c’est aussi qu’il se veut passeur de mémoire. Durant la location d’une salle, vous pourrez, non seulement admirer un tram verviétois de 1907 entièrement restauré et exposé devant l’Espace 58, mais aussi de nombreuses photos témoignant de l’épopée industrielle de la région verviétoise.

Hier et aujourd'hui

Vous pouvez admirer dans la salle la Tisserie les arches et les portraits qui ont été réalisés par Françoise Voisin. Ces décorations rendent hommage aux hommes et aux femmes qui ont fait l’histoire de la région verviétoise.

Marie Mineur

Née à Verviers en 1831, Marie Mineur, figure de l’émancipation féminine et du mouvement ouvrier, milita dans les rangs de la Section des Femmes de la Première Internationale ouvrière. Jusqu'à la fin du siècle, elle continuera de propager des idées féministes et laïques, et sera à l'origine des toutes premières "fêtes de la Jeunesse" laïques en Wallonie.

Jean Roggeman

Père du syndicalisme verviétois, il signa la première Convention Collective de Travail de Belgique en 1906. Au début du siècle, Jean Roggeman, en faisant l'éducation populaire des ouvriers par le biais de son journal Le Tisserand, va réussir à leur faire prendre conscience de la réalité des injustices et de l'exploitation dont ils étaient les victimes.

Pierre David

Nommé officier municipal en 1799 puis maire en 1800, membre de la commission d'arrondisse¬ment en 1814 et conseiller communal de Verviers sous le gouvernement hollandais, il renonça aux émoluments attachés à cette charge.

Charles Thirion

L’architecte Charles Thirion Il est l’auteur d’une grande production architecturale de Verviers dont le Grand Théâtre, l’église Sainte-Julienne, les plans de la gare de Verviers ainsi que les plans des bâtiments qui abrite l’Espace 58. Il réalise également de nombreuses habitations pour les grandes familles de la bourgeoisie industrielle verviétoise.

Pierre Fluche

Pierre Fluche est en 1867 l’animateur du mouvement ouvrier naissant à Verviers. Sous son impulsion, les « Francs-Ouvriers » deviennent la plus importante section belge de la jeune Association Internationale des Travailleurs (AIT). Pierre Fluche prend part ensuite à la création du Parti Ouvrier Belge en 1885 et à la conquête du suffrage universel en 1893.

Célestin Martin

Décédé en 1876, Célestin Martin a porté, par son génie inventif, la production d’une machine à échardonner de 125 à 1500 kg. Ce seul progrès à assuré à Verviers une supériorité incontestable pour le traitement des laines brutes.

Le Tram verviétois

La société « Les Tramways Verviétois S.A. » fut créée en 1884 afin d’offrir à Verviers deux lignes de tramways. La population de l’époque était soucieuse de posséder enfin un moyen de transport économique et accessible à tous. Pour débuter leur exploitation, Les Tramways verviétois firent l’acquisition d’une centaine de chevaux et d’un parc de 37 véhicules.

L’inauguration officielle eut lieu le 01 juillet 1884 avec la ligne de Verviers d’une longueur de 5,8 km et la ligne de Dison de 3km.

Le tramway hippomobile ne pouvait desservir qu’une partie de l’agglomération. En effet, les transports par traction animale ne permettaient pas une extension vers les communes où les pentes étaient trop fortes.

En 1898, est accordée à la société des tramways verviétois l’autorisation d’appliquer la traction électrique par fil aérien sur tout le réseau. La société entreprit dès lors les travaux pour l’exploitation de son réseau par tramways électriques. Quelques mois plus tard, 26 motrices électriques furent livrées par les Ateliers « LA METALLURGIQUE » de Nivelles et portaient les n° 60 à 85. La première ligne électrique a été inaugurée officiellement le 01 avril 1900.

En 1900, le réseau comprenait 3 lignes :

  • St-Remacle – Heusy
  • Renoupré – Ensival
  • Gare de l’Ouest – Dison

En 1905, la société Tramways Verviétois et la ville de Verviers passèrent une convention relative à la construction et à l’exploitation de lignes supplémentaires connues sous le nom de « ligne communale ». Dans ce cadre, la ville de Verviers devait mettre à disposition de la société le matériel nécessaire pour exploiter ces nouvelles lignes. Ils passèrent donc commande en 1907 de 8 remorques et 8 motrices.

Le tram 87 faisait partie de ce lot commandé aux ateliers « LA METALLURGIE » en juin 1907. Il était composé des motrices 86 à 93. Elles étaient munies à l’origine d’un paravent et équipées des seuls freins mécanique et rhéostatique. Elles étaient pourvues de 5 fenêtres inégales et comprenaient deux compartiments, un de 1ère classe et un de 2ème classe. En 1ère classe, ces voitures offraient 8 places assises. Dans le compartiment de 2ème classe on comptait 11 places assises et 8 places debout.

Le tram 87 sillonnait la ligne 1, Renoupré - Ensival. En 1911, Les Tramways Verviétois ont obtenu la concession d’un prolongement du réseau : il s’agit de la section Ensival. Voici les 13 sections de la ligne 1 en 1912 :

LIGNE 1 : Verviers – Ensival - Pepinster
1er section Renoupré – Gare Est
2ème section Gare Est – Place Sommeleville
3ème section Place Sommeleville – Place Verte
4ème section Place Verte – Place de l’Harmonie
5ème section Place l’Harmonie - Gare Ouest
6ème section Gare Ouest – Rue Entre les Ponts
7ème section Rue Entre les Ponts – Rue des Weines
8ème section Rue des Weines – Grand’Place
9ème section Grand’Place – Pont du Purgatoire
10ème section Pont du Purgatoire – Pont de la Raie
11ème section Pont de la Raie – Pont Lefin
12ème section Pont Lefin – Rue des Golettes
13ème section Rue des Golettes – Pepinster Hôtel de Ville

À partir de 1924, la société débuta le dédoublement d’une partie des voies.

C’est après la seconde guerre mondiale que le réseau des Tramways Verviétois connut son apogée. C’est en 1946 que fut transporté le plus grand nombre de passagers. Près de 20 millions de voyageurs utilisèrent ce moyen de transport cette année-là.

En 1949, la fréquence des voitures fut intensifiée sur la section VERVIERS – ENSIVAL, ils créèrent donc la ligne 1 barré.

Tout le réseau des Tramways Verviétois était alimenté par deux sous-stations de 575V. La première était située Place Sommeleville et la seconde était située à Pepinster.

En 1956 furent créées les 2 premières lignes d’autobus destinées à desservir des quartiers qui n’étaient pas accessibles par le tramway.

Dès que le service d’autobus fut mis en place, la fin du tramway était là.

Au mois de décembre 1963, les tramways de la ligne 1 furent remplacés par des autobus les dimanches et jours fériés. Durant la même année, les tramways cédèrent la place aux autobus sur la totalité du réseau pendant les congés payés. La ligne 1 était également assurée par les autobus pour le service de soirée.

Le 28 mai 1969, le tronçon Rue Fernand Houget – Rue Gérarchamps de la ligne 1 fut déclassé. Le dernier tramway à avoir parcouru cette très courte section fut la motrice 87.

Dès le 01 janvier 1970, tout le réseau était exploité par les autobus, mettant fin à l’histoire des tramways à Verviers.

La motrice 87 fut acquise par un particulier en 1970. Celui-ci la fit transférer dans sa cidrerie. Un an plus tard, la 87 subit un nouveau transfert au Charbonnage de Blégny Trembleur pour être affectée au tramway touristique « Li Trimbleu ».

Témoignage sur l’histoire industrielle de la région verviétoise

Au début du XXème siècle, Verviers comptait 107 tissages, 10 filatures de laine peignées, 7 de laines cardées, 21 usines d’apprêts, 29 lavoirs et carbonisages de laines et 27 grandes teintureries. Au total près de 15 300 personnes travaillaient pour l’industrie de la laine à Verviers. On comptait 8 étapes de fabrications de drap :



1. Le lavage de la laine

On utilisait le suint, substance à consistance graisseuse qui enveloppe la laine. La graisse comprend d’une part une substance produite par les glandes sébacées et d’autre part les résidus restant après évaporation de la sueur. Cette partie se dissout dans l’eau de lavage et agit comme un savon. Si l’action du suint était insuffisante, on avait recours aux chaudières à urine qui agissaient comme une dissolution ammoniacale. Une charrette passait auprès des ménagères plusieurs fois par semaine pour récolter l’urine, celles-ci recevaient une rétribution. L’urine était contrôlée par l’acheteur afin de s’assurer de la pureté de la marchandise à l’aide d’un thermomètre. Si celui-ci avait un doute, il trempait l’index et le suçait, si celle-ci avait été grossie à l’eau, la marchandise était refusée.

2. Le triage de la laine

Il fallait ensuite sélectionner les finesses et longueurs des mèches des toisons. Les mèches longues et lisses étaient les laines à peigne. Les courtes et vrillées étaient les laines à carde, pour les draps et les étoffes foulées. Le triage était un métier difficile qui exigeait plusieurs années de formation. De par leur importance, les trieurs avaient été les « aristocrates de la laine ». Généralement le triage était réalisé par des femmes. A chaque table, il y avait deux trieuses, les « planquets ». Les meilleures trieuses devenaient avec les années les repasseuses, elles supervisaient les qualités triées.

3. Le cardage

Dans la laine lavée, toutes les fibres étaient emmêlées, il fallait donc paralléliser les fils de manières à constituer un ruban qui se laissait étirer et filer. Au temps jadis, cette opération était manuelle, l’ouvrier était assis à califourchon sur une sorte de banc et à l’aide de cardettes garnies de pointes, il arrachait et peignait la laine pour en faire un paquet de fibres plus ou moins parallèles, fibres qui étaient alors directement filées au rouet. Au 19ème siècle, le cardage à la main a été remplacé par des mécanismes dits « Cardes à peigne » qui constituent l’unité de cardage et qui comptent un nombre de points cardants variables. La carde est restée longtemps la machine textile la plus dangereuses. Pour ne pas ralentir la production, les ouvriers graissaient les machines en marche ; beaucoup, attrapés par la courroie, y ont laissé une main ou un bras.

4. Le peignage

La peigneuse est une machine complexe qui a 3 fonctions. Elle est épuratrice-trieuse-étireuse. Les 2 fonctions essentielles de la peigneuse sont le triage et l’épuration. Le triage scinde les fibres du lot en 2 séries, la première est composée des fibres longues, la seconde est composée de fibres courtes n’entrant pas dans la constitution du produit peigné. Ces fibres forment l’élément essentiel de la blousse. L’épuration extrait les matières végétales, terreuses et les fibres détériorées. Elle se fait uniquement sur les fibres constitutives du produit peigné. La seconde série de fibres du triage et les déchets de l’épuration forment le sous-produit : la blousse. Ces fibres courtes, bloussettes, étaient revendues pour plusieurs utilisations telles que les feutres pour chapeaux. A Verviers, la blousse portait le nom de « Plokette ». Le peignage permettait d’obtenir un ruban de fibres propres, bien parallèles et de poids au mètre constant.

5. La filature

À partir du ruban issu du peignage, deux options pouvaient être prises : teinture du ruban et filature en teint ou filature en écru. Avant de pouvoir filer, il fallait préparer le ruban, c'est-à-dire le raffiner tout en continuant le mélange. Cette préparation consistait à affiner par allongement les rubans de produits peignés en mèches de préparation, de section régulière, d’un poids déterminé qui alimentaient directement chaque broche du métier à filer. Les 2 principes fondamentaux de cette transformation étaient l’étirage et le doublage. Le nombre de passage formait l’assortiment de préparation. Chaque passage se composait de mécanismes étireurs. Chaque mécanisme complet était dit « tête de passage » et chaque passage était constitué par un nombre de têtes déterminées par les combinaisons de taux d’étirage et de doublage. Ensuite venait la filature grâce au « métier renvideur ou self acting ». Le métier renvideur était la mécanisation de la Mule Jenny. Ce métier transformait les mèches de préparation en fils. Ce travail était laborieux car il fallait alimenter ces métiers en matière première : les « busettes ». Il fallait enlever les tubes quand ceux-ci étaient pleins et il fallait rattacher les fils qui cassaient sans interrompre la marche du métier.

6. La teinture

On trouvait un département de teinturerie dans chaque usine textile. Le teinturier était une personne très bien considérée. Celui-ci établissait les recettes. En dessous de lui se trouvait le contremaître et le peseur de colorants dont la tâche était de peser les colorants à un dixième de gramme près. L’ouvrier devait entrer des bobines de laine, dissoudre les colorants à l’eau chaude, additionner l’acide, le sulfate de soude, mettre l’eau, actionner la pompe et porter le bain doucement au bouillon. Après 1h, il refroidissait le bain, prélevait l’échantillon, rinçait et sortait les bobines pour les essorer. Celles-ci pesaient environ 30kg.

7. Le tissage

Pour tisser, il fallait d’abord constituer ce qu’on appelle la chaîne, c'est-à-dire une série de fils parallèles, qui étaient déplacés dans un ordre bien programmé pour y faire passer la trame qui se trouvait enroulée dans la navette. Pour faire des tissus de long métrage, il fallait d’abord ourdir la chaîne, c'est-à-dire dévider les fils qui venaient des bobines de filature et les enrouler bien parallèlement et avec une tension égale sur une grosse bobine, c’est cette bobine qui était placée sur le métier à tisser et qui donnait, en se déroulant et en passant dans le rooz et dans les lisses, le tissu final.

8. Les apprêts

Sorti du métier à tisser, le tissu était encore rêche, sale et poilu. Il fallait donc le terminer, l’apprêter. Cela se faisait dans les apprêts. La pièce était d’abord lavée au savon. Ensuite, elle était décatie puis mise en presse entre des cartons pour lui donner le « toucher ». Enfin, elle était nettoyée par la nettoyeuse d’étoffe. Pour certains tissus, on les grattait pour en faire sortir le poil de laine afin de constituer une protection contre le froid. Pour d’autres qualités, il était nécessaire d’avoir un tissu rasé, cela se faisait à l’aide de lames (tondage) ou en brulant les poils à la flamme. Dans le temps, le grattage se faisait avec des chardons. La plupart des nettoyeuses travaillaient à la maison et les pièces étaient conduites à leur domicile. Lorsque la pièce de tissu était terminée, on l’emballait et la stockait, avant de partir chez le grossiste qui lui, la distribuait chez le maître tailleur.

La société anonyme « La Vesdre »

L’idée de création de la société remonte à 1877 et est due à des Verviétois. L’acte officiel de fondation de la société fut signé en 1880. Des familles de négociants et d’industriels se répartirent les actions.

La société S.A. La Vesdre a été créée pour le travail à façon de peignage et filature de la laine, ses clients lui fournissait la matière à traiter. Traitant la laine brute qui lui était confiée, la Vesdre lui faisait subir toute une série d’opérations pour en faire du fil écru ou teint, prêt au tissage. Les installations comprenaient : triage, lavoir, cardage, peignage, lissage, teinturerie, défeutrage, préparation, filature et retordage.

Située entre la rue de Renoupré et la rivière, l’usine était partagée en deux par une longue cour. Elle occupait une surface de 157 mètres sur 135. Entre la cour et la rue s’élevait un bâtiment à deux étages ; y étaient installés : l’atelier de forge, le magasin des peignes, la réserve de charbon, la menuiserie, la zinguerie, l’encaissage, la loge du concierge et des caves. Au 1er étage, les bains-douches pour les 2 sexes, tout en faïence blanche et les loges pour la laine triée. Le second étage abritait le triage, ce qui l’assurait du meilleur éclairage naturel, condition nécessaire à un triage de qualité.

De l’autre côté de la cour, de gauche à droite, on trouvait : les magasins au fer, la salle des machines et la dynamo, deux cheminées, le magasin des appareils électriques, le cardage, le peignage, la teinturerie, le défeutrage, la préparation, la filature, le magasin des rubans, le retordage, le magasin de fil, le lavoir, le magasin à poussière et le magasin au déchet.

En 1887, le marché de la laine fut établi à Anvers. L’industrie allemande et française concurrençaient également les négociants et industriel belge.

« La Vesdre » qui était le seul peignage à façon en Belgique, compris qu’elle devait à ce titre tenir sa place sur le marché européen. Pour cela, elle apporta de nombreuses améliorations à ses ateliers et sa direction générale.

Après 1900, tous ses efforts portèrent leurs fruits et il fallut augmenter la production pour satisfaire une clientèle toujours plus nombreuse. Un nouveau magasin surnommé « La Sibérie » avait déjà été construit au début de la rue montant vers Andrimont. Mais l’extension des bâtiments n’était plus possible car « la Vesdre » était coincée entre « la Savonnerie et potasserie » d’Eugène Cornet et le « Délainage verviétois » de Peltzer et Fils. Une seule possibilité s’offrait à la société, passer la rivière et construire sur Verviers. Une passerelle permettra le passage piétonnier entre les usines. Les travaux eurent lieu en 1910 et la nouvelle usine pris le nom du « Casino » vu de la proximité avec le casino de Renoupré. Toute la filature fut transférée dans ces nouveaux bâtiments. Par la suite, « La Vesdre » sortira de Verviers, une unité est créée à Anderlecht, où émigreront le siège social et la direction générale. D’autres unités seront implantées à Mouscron et à Furnes… Puis vient le déclin.

Après 1950 on vend le casino. Mouscron et Anderlecht comblent le vide. La nouvelle société de teinture fusionne « La Vesdre », « Fettweis et l’Escaut ». Mais on a vu trop grand et c’est la faillite ! Il reste le peignage mais il y a trop de concurrence et c’est la fermeture en 1970. L’Union des Peigneurs refuse que l’on vende le matériel. Tout sera détruit à la masse et vendu au fer.